Les débuts du merlot dans le Razès : une mutation viticole
Pour comprendre pourquoi le merlot s’est établi dans le Razès, il faut regarder en arrière, à la fin du XIX siècle. Cette période marque une rupture majeure dans le vignoble local à cause du phylloxéra, cet insecte qui détruisit une grande partie des ceps européens. Après la reconstitution des vignobles, le merlot ne figurait pas encore au sommet des choix ; on lui préférait les cépages autochtones ou plus traditionnels comme les cinsaults et carignans.
Cependant, tout change à partir des années 1970 et 1980. L’Aude, comme une grande partie du Languedoc, connaît une mutation profonde sous l’effet de plusieurs facteurs :
- La fin des vins de table productivistes au profit de vins de terroir plus qualitatifs
- Les attentes des marchés internationaux, à la recherche de vins plus accessibles et denses
- La montée en puissance des cépages « améliorateurs », notamment le merlot, qui permet d’arrondir les assemblages
Dans ce contexte, le merlot a trouvé une terre d'accueil. Sa maturité précoce et sa fréquence de plantation en font un allié de choix pour revitaliser les sols du Razès. Sa capacité à produire des vins « charmeurs », souvent fruités et souples, correspondait parfaitement à une époque où il s’agissait de séduire un consommateur plus large, aussi bien local qu’international.